Fondation
Émile-Nelligan

Mario Brassard

Lauréat du prix Émile-Nelligan

Mario Brassard,
Le livre clairière,
Les Herbes rouges
2012

 

Né en 1978, Mario Brassard est l’auteur de trois recueils de poésie, tous parus aux éditions Les Herbes rouges : Choix d’apocalypses (2003; finaliste au prix Émile-Nelligan, au prix du Gouverneur général, ainsi qu’au Grand Prix du livre de Montréal), La somme des vents contraires (2006; finaliste au prix du Gouverneur général et au prix Estuaire des Terrasses Saint-Sulpice), Le livre clairière (2012). Parallèlement à son travail poétique, il a publié deux livres jeunesse chez Soulières éditeur. La saison des pluies, le dernier en date, a remporté en 2012 le prix Jeunesse des libraires du Québec et le prix TD de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse.

Commentaire du jury, par Monique Deland, présidente.

Le livre clairière de Mario Brassard convie son lecteur à une saisie complètement inhabituelle du fil temporel. Le temps présent parle d’un être aimé qui se meurt, alors que les souvenirs de santé dérapent dans une bouche qui crache opaque les météores d’une maladie indéfinissable, et que l’avenir fatidique impossible à retarder contamine les couloirs du présent. La durée restante se déploie sous l’influence d’une inventivité puissante où s’entremêlent les mille et un niveaux de réel aux coins mordus.

La prose de Mario Brassard joue en virtuose des temps de verbe rares et disparates. D’une précision métronomique, la langue puise à un réservoir d’images étonnantes, brillantes d’intelligence, qui flirtent par instants avec l’indécodable avant d’éblouir par l’éclat de leur sens lumineux. Procédant d’un savant déséquilibre entre l’intensité du drame et la tranquillité de la voix, Le livre clairière de Mario Brassard joue son va-tout sur la rutilance d’un imaginaire richissime et sur le grand angle ouvert de cette clairière où un oiseau de braise est prêt à s’envoler vers un siècle recommencé à zéro.

Finaliste du prix Émile Nelligan

François Guerrette,
Pleurer ne sauvera pas les étoiles,
Poètes de brousse
2012

Catherine Harton,
Francis Bacon apôtre,
Poètes de brousse
2012

François Guerrette est né en 1986 à Rimouski. Auteur de Pleurer ne sauvera pas les étoiles (2012), Panique chez les parlants (2010) et Les oiseaux parlent au passé (2009), il a été lauréat du prix Jean-Lafrenière / Zénob (2012), du prix Félix-Antoine Savard de poésie (2011) et finaliste au prix Émile-Nelligan (2009). Il est le fondateur et l’animateur du Cabaret de la pègre.

Commentaire du jury

Pleurer ne sauvera pas les étoiles de François Guerrette est fait pour les épaules larges et les cœurs solides. Dès les premières lignes, l’intensité dramatique est à son comble, presque suffocante, et elle ne se dément pas.

La voix avance comme un couteau en colère, dans la masse d’un poème qui sert à aborder une réalité inabordable autrement : l’âpre désir de mourir. Les adieux au monde vont de pair avec une troublante demande de pardon qui ouvre et qui referme le livre. Au milieu, la vision cosmique d’une planète brisée léguée aux enfants, la beauté fugace des femmes qu’un mourant abandonne, puis les conseils aux hommes-fantômes qui resteront fin seuls pour la suite des choses. La structure est irréprochable.

Dur, rude et porté par une langue toute naturelle, le livre de François Guerrette adopte une posture du déserteur qui l’autorise à poser un regard féroce sur notre monde et son époque. Pleurer ne sauvera pas les étoiles fait le pari absolu et absolument éblouissant du vouloir mourir jusqu’à l’illumination.

Catherine Harton est née à Montréal en 1983. Elle a publié aux éditions Poètes de brousse: Petite fille brochée au ciel (2008), Monomanies (2010) et Francis Bacon apôtre (2012) pour lequel elle est finaliste au prix Émile Nelligan. Elle a aussi écrit une pièce de théâtre : La mort est un musée sans tête laquelle a été jouée au Théâtre La Risée en 2011. Elle travaille présentement à un recueil de nouvelles sur les autochtones du Groenland, de L’Arctique Canadien et du Nord du Québec. Également très intéressée par les arts visuels, elle a présenté en 2012 sa première exposition solo : Failles.

Commentaire du jury 

Francis Bacon apôtre de Catherine Harton ravit par son intelligence et son raffinement. Prenant appui sur son propre statut de peintre, la poète orchestre un subtil glissement identitaire en vertu duquel elle emprunte le corps, l’esprit et la voix de Francis Bacon pour évoquer les dangers et misères liés à l’acte créateur.

Au travers d’éléments biographiques intégrés avec souplesse, le livre de Catherine Harton expose l’univers parfaitement étrange d’un peintre qui projette ses effrois personnels sur les modèles qui posent dans son atelier, pour les transformer malgré lui en primates agressifs qui le menacent en retour.

Les vers sont magnifiques. Aussi déroutants que peut l’être l’œuvre du peintre célèbre. Mélange d’érudition et de sensibilité exquise, Francis Bacon apôtre étonne au plus haut point. De puissantes images explosent au fil des énumérations et effets de juxtaposition qui réinventent le sens à tous les coups. La récurrence des mots religieux vient faire résonner le caractère sacré de l’entreprise créatrice à laquelle sont conviés pareillement les peintres et poètes, mais aussi les artistes de tous les horizons.

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