Fondation
Émile-Nelligan

Jonathan Charette

Lauréat du prix Émile-Nelligan

Jonathan Charette,
Ravissement à perpétuité,
Les éditions du Noroît
2018

 

 

 

 

Jonathan Charette vit à Montréal depuis de nombreuses années. Ses textes sont parus dans plusieurs revues, dont Estuaire, Exit, Moebius, Art Le Sabord et Zinc. Il est un membre actif de la scène littéraire actuelle. Il est l’auteur de Je parle arme blanche (2013 –Prix de poésie des collégiens), La parade des orages en laisse (2015 – finaliste au Prix Alain-Grandbois) et de Ravissement à perpétuité (2018), tous paru au Noroît.

Commentaire du jury, par Michaël Trahan, président.

Jonathan Charrette est un poète de la fulgurance qui, comme un artisan ou un apprenti, travaille dans une chambre ou dans un atelier, il dit dans ce recueil fort exigeant « entreprendre un chantier colossal ». Il dit d’ailleurs appartenir « à cette race de fous pour qui la précipitation repousse la nostalgie ».
Il y est question de souffle, de voix. On est emporté avec Ravissement à perpétuité dans un voyage initiatique soutenu par une exubérance langagière qui fabrique un monde halluciné et joyeux. Mais ce n’est pas sans douleur et renoncement que l’apprenti avance dans ces pays étranges car il est accompagné de figures carnivores et bavardes le menaçant de leurs lois. Ainsi, des espaces intérieurs sont traversés, la mort, l’amour y réinventent leur propre royaume.
Le jury a su reconnaître avec Ravissement à perpétuité un recueil détonnant, dans le paysage culturel actuel avec son néo-lyrisme constant mâtiné d’un surréalisme renouvelé. Avec une hauteur de ton et une largesse de vision qui tient le coup d’un bout à l’autre de son recueil, Jonathan Charette propose une genèse poétique de l’être telle qu’on n’en a pas vue depuis longtemps.
Ravissement à perpétuité assume un idéalisme rare, emporté et assumé.

Le jury 2018

Communiqué de presse

Finaliste du prix Émile Nelligan

Daphnée Azoulay,
Le pays volant,
Les Herbes rouges
2018

Émilie Turmel,
Casse-gueules,
Poètes de brousse
2018

Daphnée Azoulay est née a Montréal en 1983. Elle a publié aux Herbes rouges Tout près de la nuit, finaliste au prix Émile-Nelligan, Marbre et Le pays volant.ravaille à Washington DC.

Commentaire du jury

Livre étrange et envoûtant où l’on ne sait si l’on se trouve dans le rêve ou dans la réalité. On est chez les surréalistes, peut-être un peu chez Chagal.
La poète semble circuler, avancer et voyager sur plusieurs plans et ce simultanément. Elle court-circuite les perceptions habituelles, la logique du langage. L’évidence des choses devient mystérieuse et le mystère des êtres et des événements se révèle
flagrant.
La réalité filtrée, tamisée par une forme elliptique permet aussi de passer à travers le monde concret pour aller vers des énoncés quasi métaphysiques.
Magnifique passage de l’opacité à la cohérence d’un je sondé par lui-même, mené par sa capacité à nommer les images amassées dans sa mémoire et qui décrivent la douleur. Évocation fine des questionnements qui tournent autour d’un moment fondateur jamais nommé mais dessiné par le biais du regard sur soi.
« Tout bouge ensemble », écrit la poète. « Il faut inventer la réalité / Les choses arrivent quand on y pense ».
Ainsi apparaît une force poétique sensible et très aboutie. C’est de Daphnée Azoulay le 3ème et meilleur recueil à ce jour.

Née à Montréal en 1988, Émilie Turmel a grandi à Québec. Poète, performeuse et travailleuse culturelle, elle a conçu et participé à plusieurs spectacles, lectures publiques et événements littéraires. Son poème « Celles qui comptent » s’est mérité la troisième place du prix Geneviève-Amyot 2017. Quelques-uns de ses textes sont également parus en revues au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Espagne et en France. Son premier livre, Casse-gueules, a été publié en 2018 aux éditions Poètes de brousse.

De 2015 à 2018, elle a occupé le poste d’adjointe à la programmation de la Maison de la littérature et du festival Québec en toutes lettres, en plus d’être chargée du volet Arts littéraires de la mesure Première Ovation. Titulaire d’une maîtrise en littérature française et d’un diplôme de deuxième cycle en création de livres-objets de l’Université Laval, elle a aussi étudié et enseigné la philosophie.

Émilie Turmel habite aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick, où elle assure la direction générale du Festival Frye, le plus important événement littéraire au Canada atlantique. Elle y a récemment fondé le tout premier programme de poètes officiels de la ville. En parallèle, elle développe une série documentaire et travaille à l’écriture de son prochain livre de poésie.

Commentaire du jury

Citant Nelly Arcan d’entrée de jeu, on voit à quelle enseigne Émilie Turmel se situe. Elle parle d’une lignée de la honte, des règles du jeu qui s’installent et qui y mènent. Il y est question de place. De la place des femmes.
Le livre embrasse l’histoire des femmes avec quelques-unes des fictions qu’on a créées autour d‘elle (les fées, les sorcières, les vénus, les poupées, les jeunes filles endormies…) et qui est plus ou moins discrètement évoquée dans l’ensemble du recueil plutôt
surréalisant.
Ici, une parole de femme rend hommage à celles qui l’ont précédée. Et elle confronte celles
qui jouent encore le jeu d’être de grandes poupées vivantes, de femmes formatées par de vieux modèles, de mères dites parfaites, de femmes prêtes à consommer et à être consumées.
Ce livre témoigne chez Émilie Turmel d’une conscience fine du monde autour d’elle, d’où l’intelligence et la capacité qu’on peut reconnaître chez elle dans sa façon d’élaborer et de proposer un univers complexe qui peut se déployer à différents niveaux : le corps, les sens, l’esprit, soi et les autres. On perçoit des mondes féminins, des expériences féminines au sens d’épreuves et d’expérimentations qui ne sauraient faire l’économie de la violence et du questionnement.
Casse-gueules est une solide plongée dans une quête lucide de soi et du monde. Sa voix forte et singulière se fait militante et renouvelle une parole de femme toujours nécessaire.

Fondation
Émile-Nelligan

Abonnez-vous
à notre infolettre