Fondation
Émile-Nelligan

Allocution du lauréat du prix Ozias-Leduc 1998

Rober Racine

 

Ozias Leduc est un artiste que j’admire beaucoup. Plusieurs de ses œuvres me touchent profondément par leur simplicité et leur humanité. On le connaīt comme peintre, il était aussi photographe, et en quelque sorte le travail qu’il a réalisé dans des bātiments religieux pourrait źtre considéré aujourd’hui comme des installations. Je suis donc trčs honoré de recevoir ce prix prestigieux qui porte son nom. De plus, comme le soulignait Jana Sterbak qui me précédait il y a trois ans, ce prix de la Fondation Émile-Nelligan constitue un double honneur du fait qu’Ozias Leduc et Émile Nelligan comptent parmi les fondateurs de notre modernité.

J’aimerais donc, en premier lieu, remercier les membres du jury d’avoir été sensibles ą mon travail. La création, quelle que soit la forme ou le parcours qu’elle adopte, exige une trčs grande solitude. Et cette solitude, pourtant essentielle, comporte un risque : celui de l’isolement. Recevoir un prix aussi prestigieux que le prix Ozias-Leduc transforme cet isolement en partage avec l’autre.

J’aimerais remercier le Musée d’art contemporain de Montréal qui nous accueille si généreusement ce soir. Le Musée a été la premičre institution muséologique ą inclure une de mes œuvres importantes dans ses collections. J’aimerais aussi remercier mes parents, qui m’ont toujours appuyé, et ce, dčs le début de mon travail de création. Depuis plus de vingt ans, un grand nombre d’individus et d’institutions m’ont manifesté leur appui. Je dois remercier ici tout particuličrement : Laurent Tremblay, Chantal Pontbriand, Jessica Bradley, René Blouin, Pierre Théberge, Normand Thériault, Claude Gosselin, Yolande Racine, Diana Nemiroff, Louise Déry, Gilles Daigneault, Claude Godin, Danielle Legentil, Georges Verney-Carron, Michčle Thériault, Raymond Gervais, Marie Chouinard et Jean Royer qui m’a donné ma premičre chance comme écrivain.

L’artiste est lą pour offrir ses visions, transcender le réel, le montrer sous de nouveaux angles. Il ressemble ą un pilote d’essai. Il repousse toujours plus loin les limites de l’exploration du monde et de l’infini. Son rōle est de capter et saisir l’insondable de la vie et des źtres. Il doit garder ses contemporains en contact permanent avec la lumičre et la poésie. Il crée des liens entre le visible, l’audible et l’inouļ, chuchote des secrets, trace des mystčres, vivifie les sens, communique les présences du sacré. Il doit s’adresser au cœur des gens, ą leur musique intérieure. Il doit źtre totalement disponible, ą l’écoute de tout, prźt ą chaque instant ą recevoir un signal, une onde, une image venus d’ailleurs et leur donner vibration. Il doit révéler la moindre intuition, le moindre frémissement de la pensée naissante.

Si par sa création il donne envie de créer, d’explorer, d’aimer et de continuer ; s’il peut offrir un peu de silence et de répit, un réel apaisement, alors l’artiste œuvre dans la bonne voie : il éveille et fait rźver ą la fois.

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