Fondation
Émile-Nelligan

Danny Plourde

Lauréat du prix Émile-Nelligan

Danny Plourde,
Calme aurore (s’unir ailleurs, du napalm plein l’oeil),
l’Hexagone
2007

 

Quelques décennies après le débarquement de Normandie, Plourde est né d’un motard et d’une chanteuse le 6 juin 1981 à Saint-Jean-sur-Richelieu. Peu après les lacrymaux du sommet des Amériques en avril 2001, il termine un DEC en Art et Lettres avec une formation en théâtre, puis commence des études littéraires à l’UQAM au même moment où le WTC s’effondre. Depuis, il est membre du groupe rock garage francophone Les Fidel Castrol et codirige le collectif de crémation littéraire « ectropion » et a publié Vers quelque à l’Hexagone en 2004 (recueil pour lequel il a reçu le prix Félix-Leclerc). En 2007, il publie Calme aurore (s’unir ailleurs, du napalm plein l’oeil), livre qu’il a écrit entièrement en Corée du Sud au cours de l’été 2006. Voyageur, musicien, performeur (harmonica et poésie) et promoteur de soirées littéraires, Danny Plourde s’intéresse à la prise de parole et à l’engagement.

Commentaire du jury, par Jacques Paquin, président.

Dans ce recueil qui renoue avec une poésie critique et engagée et où le je est jeté aux oubliettes pour ne pas ajouter à l’imposture, Danny Plourde dit la tendresse et la rage avec des images fortes et un rythme syncopé. Les liens tissés entre le pays sans identité, la grève étudiante et le voyage en Corée pour rejoindre un amour qui l’accueille à bras ouverts mais sans pour autant pouvoir lire sa poésie, se fait sans compromis et sans complaisance. Danny Plourde a écrit des poèmes à la fois fiers et honteux, engagés et inquiets qui révèlent une voix écorchée, écartelée entre deux cultures, entre l’amour et la mémoire politique. Nous sommes touchés et pris par une écriture qui affirme ses partis pris, qui dénonce le divertissement sous toutes ses formes, y compris ceux que prodigue le spectacle de la poésie. Le recueil joue gros, au risque d’une mort en poésie alors que l’amour a eu lieu en dehors des mots. En désespoir de cause, Plourde écrit malgré tout, fait poème et s’en remet au cri et à l’indignation : « mais qu’on lui laisse au moins la charge de dire le monde et la naïveté d’agir le cœur vibrant au bout du glaive ».

Finaliste du prix Émile Nelligan

Kateri Lemmens,
Quelques éclats,
Les Éditions du Noroît
2007

Alexandre Trudel,
Masque de taureau,
Écrits des Forges
2007

Native des Cantons-de-l’Est, Kateri Lemmens est écrivain et professeur de lettres à l’UQAR. Certains de ses essais, poésies et fictions ont été publiés et primés au Québec, en Europe et au Moyen-Orient. Elle a ainsi été récipiendaire du concours de nouvelles de l’Université libanaise (Saïda) en 2004, du Prix de la Traductière du Concours de poésie de l’Université de la Sorbonne (Paris IV) en 2001, du concours de poème-affiche « Heureux d’un printemps » (Printemps des poètes / Paris, 1999), du Prix du Jeune Écrivain Francophone (Muret, France, 1999) et du concours littéraire Traversées de l’Agence Québec / Wallonie-Bruxelles (1997). Elle travaille actuellement sur deux projets de romans (Cette pâle immensité et La nuit, la plaine) et sur un essai (L’espoir des désespérés) où elle examine la question du sens, des valeurs, de l’espoir (et du désespoir) dans la réflexion contemporaine sur la création littéraire.

Commentaire du jury par Jacques Paquin, président

Ce qu’on entend dans le recueil de Kateri Lemmens, à travers les témoignages de trois voix, c’est la rumeur d’une mer aussi déchaînée que les tumultes des passions. D’abord celle d’un homme en proie au choc amoureux et à qui la parole manque : « entre mes mâchoires / des paroles broyées / et des tendons de colère / se ravalaient en tremblant ». Une femme reçoit elle aussi cet homme « alors que monte / du sexe à la gorge / ce qui n’est plus / ni victoire ni défaite / mais alliage de nues / et
abandon ». Survient enfin une troisième voix, qui les observe tous deux et qui redispose ces éclats de dialogues en assistant à leur disparition au cœur de ce paysage marin tourmenté et obsédant. Cette poésie de fureur et d’égarement, qui évoque un amour naufragé par rafales de sensations et de bribes de paroles, nous transporte avec ses odeurs de limon de mots et de morts en des vers brefs, saillants comme les récifs auxquels se heurtent les personnages. Cette écriture allie le halètement et la douceur pour nous jeter en plein délires et désirs, là où on apprend à mourir. Ce poème qui commence dans la matière de la brume se termine avec l’épaisseur de la terre retrouvée. Cette épaisseur-là est aussi celle du texte profond, cohérent, authentique.

Alexandre Trudel est né en 1977 à Repentigny. Dès son jeune âge il se passionne pour la bande dessinée et la musique. Toutefois c’est vers l’écriture qu’il se tourne au milieu de l’adolescence. Il publie son premier recueil, À travers l’œil d’un Glacier, aux Écrits des Forges en 1999 et pour lequel il se mérite la mention d’excellence du prix Jacqueline-Déry-Mochon. Son deuxième recueil, Kabbale Instrumentale (2002) nous renvois à ses premiers amours de la bd et des films de série Z. Masque de taureau (2007), quant à lui, parle d’une difficile expérience de vie. Le recueil Des Robes de Baleines, publié lui aussi en 2007, raconte en images une lutte que l’auteur tient à cœur. Alexandre Trudel possède un Bac en histoire de l’art ainsi qu’un certificat en enseignement collégial, tous deux obtenus à l’Université Laval. Depuis 5 ans, Alexandre consacre tout son temps à l’écriture et au dessin.

Commentaire du jury par Jacques Paquin, président

Le poète nous convie à une sorte de corrida un peu baroque, métaphore filée tout au long du recueil qui ne perd jamais sa force et sa pertinence. Nous voici dans la logique de l’émotion, le poète se débattant dans une arène imaginaire où il doit affronter ses propres mensonges et faire tomber tous ses masques. Le poète se transforme lentement en animal traqué devant le toréador qui est nul autre que lui-même :

« Je comprends tout à présent ce qui était obscur devient clair […]
les choses ont pris la couleur blanche des vaches sacrées immobiles et aveuglantes elles sont les nouvelles chances loin des matins sans soleil ».

C’est lui, sauvage, et le monde silencieux qui s’affronte. Le rythme est soutenu bien contrôlé dans cette poésie qui voit rouge mais qui ne tombe jamais dans l’effet ; au contraire, c’est la simplicité des vers qui nous offre parfois des coups au cœur tant les images sont justes et étonnantes. Nous saluons les belles échappées dans ce recueil très touchant où le monde est un asile où un fou monologue au beau milieu de l’arène.

JURY 2007       COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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